Si l’excuse mérite un chapitre complet, c’est d’abord parce que son rôle de jocker ne connaît pas d’équivalent dans les jeux de cartes courants (bridge, belote, manille...). C’est une arme difficile à maîtriser même si la règle lui confère une grande simplicité d’utilisation.
Si l’excuse est jouée en premier (c’est-à-dire par le jouer qui entame le pli), la carte suivante (donc jouée par le joueur situé à sa droite) détermine la couleur demandée.
On peut s’excuser sur n’importe quelle couleur (trèfle, cœur,...) que l’on possède ou non des cartes dans cette couleur . L’excuse peut également être jouée à la place d’un atout. L’excuse ne permet pas de remporter le pli. La règle du " n’importe quand sauf au dernier pli " connaît une seule exception : lorsque le joueur qui la possède fait un chelem (tous les plis). Dans ce cas, l’excuse doit être jouée au dernier pli et remporte ce pli s’il y a effectivement chelem. Le petit est considéré " mené au bout " s’il est joué en avant-dernier (juste avant l’excuse) par le propriétaire de l’excuse.
Pour le décompte des points, le joueur qui joue l’excuse complète le pli par une carte basse qu’il trouve dans les cartes déjà jouées. Ainsi, à quatre joueurs, chaque camp remportera un nombre pair de carte, ce qui facilitera le décompte (rappelons que les points se comptent deux cartes à la fois).
Le fait de rendre une carte pour l’excuse ne s’applique pas à 3 ou 5 joueurs car il ne garantit pas qu’il y aura un nombre pair de carte pour le décompte (chaque pli étant constitué d’un nombre impair de cartes). Les points sont donc comptés, le cas échéant au demi-point.
11.2.2 Conserver un gros atout
11.2.3 Rallonger la longue du preneur
11.2.4 Signaler un petit en danger
11.2.5 Laisser la main à un partenaire
11.3.1 Empêcher la défense de sauver ses points
Par contre si vous possédez une dame troisième et qu’un adversaire coupe dans cette couleur, s’excuser ne sert souvent à rien car vos adversaires s’empresseront de jouer cette couleur pour capturer la dame.
Le gain du petit au bout est souvent une course de vitesse où chacun des deux camps essaie de déborder l’autre. Jouer l’excuse prématurément peut être préjudiciable. En effet, lorsque l’attaquant et un défenseur se retrouvent à égalité de reprises de main ( en atout et parfois dans une couleur), l’excuse conservée le plus longtemps possible peut amener à ce que la fin soit " le preneur s’excuse puis coupe, fait couper et recoupe du petit au bout " au lieu de " le preneur coupe, fait couper, recoupe du petit et termine de son huit de carreau maître" !
Ce cas de figure reste rare même s’il n’est pas rare que le petit soit mené au bout à une carte près.
11.4 l'effet boomerang
Si l'excuse facilite l'accès au contrat, elle peut également se révéler gênante pour le preneur. Hormis le cas extrême du chelem, cette carte représente un pli que l'on donnera forcément à la défense et, particulièrement lorsque le preneur a un jeu fort, cela peut se payer cher.
11.4.1 Le jeu du preneur
Le but devient alors de placer son excuse soit sur un pli que l'on ne pourra pas faire soit sur un pli le moins cher possible, donc sans tête.
Généralement, le preneur joue son excuse sur un tour d'atout de la défense lorsqu'il est certain que ce pli lui coûtera peu. C'est le cas du tour de l'ambulance (la défense joue atout maître pour sauver le petit) ou du coup d'attente (le défenseur, en début de partie, joue atout pour ne pas prendre d'initiative). Il peut également attendre de jouer en dernier puis s'excuse sur un pli " blanc " (sans tête). Enfin, la dernière possibilité lorsque l'on est sûr d'épuiser la défense à l'atout est de s'excuser lorsque la défense, par ignorance, entame dans sa longue. Cette possibilité est à manier avec précaution car il faut être sûr de maîtriser ensuite le jeu.
11.4.2 L'intelligence de la défense
le but de la défense est de faire " payer " l'excuse au prix fort, c'est-à-dire en y sauvant des têtes (rois ou dames par exemple).
Pour cela, la défense devra s'interdire dans un premier temps de jouer atout (jusqu'à ce qu'un défenseur épuisé en atout puisse y poser des points) et devra poser ses points " insauvables " lorsque le preneur coupe en dernier ou lorsqu'il est surcoupé. Ainsi ces têtes offertes au preneur lui interdisent de s'excuser et l'obligent même à acheter. Il s'épuisera à l'atout et son excuse deviendra de plus en plus gênante et difficile à placer. Il se décidera finalement à la poser sur vos points de peur d'atteindre la pire des solutions : entamer de l'excuse à l'avant-dernier tour !
ATTENTION, le défenseur qui a l'excuse lorsqu'il voit qu'un telle stratégie de sacrifice des points est élaborée par ses partenaires doit vite signaler l'inutilité d'une telle démarche (en posant l'excuse rapidement ou, si elle lui est utile par ailleurs, en donnant au preneur une occasion immanquable de poser l'excuse car les partenaires déduiront alors qu'elle est chez vous puisqu'elle n'a pas été posée à ce moment là).